La voix du canon résonne
L'air, tout empoudré, frissonne
Serrez vos rangs, mes enfants !
C'est le cri de la mêlée
Et l'écho de la vallée
Répète : Serrez vos rangs !
On marche au pas gymnastique
La fièvre se communique
Par les yeux étincelants
On croise la baïonnette
Et chaque officier répète :
En avant, serrez vos rangs !
On avance... la mitraille
Fait la part de la bataille
On enjambe les mourants
Gloire à celui qui succombe
Dit le commandant qui tombe
En criant : Serrez vos rangs !
Commandants et capitaines
Sont là, couchés dans la plaine
Il reste les lieutenants
Allons ! dit l'un d'eux qui crie :
Pour l'honneur et la patrie !
Avancez ! Serrez vos rangs !
Le plomb crève les poitrines
Le sang creuse des ravines
La rude voix des sergents
Couvre l'ouragan des balles
On entend, par intervalles :
Sacrebleu ! Serrez vos rangs !
Sans officier et sans guide
Ils avancent, intrépides
Un caporal de vingt ans
Rassemblant les escouades
Leur dit : Allons, camarades
Pour mourir, serrez vos rangs !
Des éclats de la foudre
On vit tomber, noir de poudre
Le dernier de ces vaillants
Il cria : Vive la France !
Et l'écho répondit : France
En avant, serrez vos rangs !