Dans la petite rue de ma petite ville
De l'aurore à la nuit les volets des maisons
Restent à demi clos et des vieilles tranquilles
Derrière ces volets depuis tant de saisons
Écoutent s'écouler des heures si pareilles
Que tricotant leurs bas ou disant leur Ave
Sans même se pencher rien qu'en tendant l'oreille
Elles savent les pas qui frappent le pavé
Car depuis des années on entend la laitière
Toujours à la même heure arriver le matin
Et monsieur le Curé sortir du presbytère
Tandis que dans la rue s'ouvrent les magasins
Derrière les volets de ma petite ville
Des vieilles en bonnet vivent tout doucement
Et comme un chapelet entre leurs mains dociles
Les mois et les saisons s'égrainent lentement
Quand l'Angélus du soir troublera l'air tranquille
Elles se signeront et sans faire de bruit
Elles enfermeront le silence et la nuit
Derrière les volets de ma petit ville
Et plus tard quand lassé de gaspiller ma vie
Je laisserai mon coeur écouter ma raison
J'irai me reposer sans regret sans envie
Derrière les volets de ma vieille maison
J'éviterai surtout d'être un vieillard morose
J'aurai beaucoup appris ayant les cheveux blancs
Je me dirai la vie dépend de tant de choses
Aux fautes du prochain il faut être indulgent
Avec moi les enfants pourront tout se permettre
Je serai faible et bon avec les amoureux
Et je leur sourirai le soir de ma fenêtre
Songeant au bon vieux temps où je faisais comme eux
Derrière les volets de ma petite ville
Un jour je m'en irai vieillir tout doucement
Et je me souviendrai d'histoires puériles
Que je raconterai aux tous petits enfants
Quand l'Angélus du soir troublera l'heure tranquille
Je m'enfermerai seul avec mes souvenirs
Puis un jour doucement me laisserai mourir
Derrières les volets de ma petite ville